Par Dominique Laperle, enseignant au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie et professeur associé au département des sciences des religions, UQAM
Ce que je vais dire dans le présent texte n’est pas neutre, car je dois beaucoup à l’historienne Brigitte Caulier. Outre le fait qu’elle a fait partie du jury de ma thèse de doctorat, j’ai eu l’honneur de voir mon dernier livre publié dans la collection Religions, Cultures & Sociétés qu’elle codirigeait aux Presses de l’Université Laval. Brigitte Caulier est une femme d’action et de principes. Elle vient de prendre discrètement sa retraite, après une longue et fructueuse carrière au département des sciences historiques de l’Université Laval et elle laissera aussi sous peu la présidence de l’Institut d’histoire de l’Amérique française (IHAF).
Durant sa présidence, elle a mené plusieurs dossiers dont celui de sensibiliser les gouvernements et le public à l’importance de la préservation des archives religieuses. Elle a d’ailleurs publié une lettre au nom du conseil d’administration de l’IHAF sur l’épineuse affaire des archives de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice en 2020. Cette action a d’ailleurs été menée en synchronie avec celle du conseil d’administration de la SCHEC qui, sous la plume de sa présidente de l’époque, Mélanie Lanouette, a aussi manifesté son indignation sur cette situation. Mais n’allez pas croire que j’annonce ici qu’elle s’arrêtera ! Les projets d’écriture se multiplient encore et quiconque fouillera un peu le site Web de la SCHEC découvrira qu’elle s’est activée durant des décennies au sein de la Société et qu’elle continue à jouer un rôle au sein du comité éditorial de la revue Études d’histoire religieuse.
Brigitte Caulier est une spécialiste reconnue de l’histoire socioreligieuse du Québec, du Régime français à nos jours. Elle étudie tout ce qui touche de près ou de loin à la culture religieuse. Comme sa notice biographique sur le site Web du département des sciences historiques de l’Université Laval le rappelle, elle se questionne depuis sa thèse de doctorat sur les croyances et les pratiques religieuses des laïcs. Elle a étudié différents sujets comme les rituels thérapeutiques en France, le catholicisme de la Contre-Réforme et son réseau associatif de laïcs, la vie paroissiale et le sentiment de la mort au Québec. Je me souviens encore, alors étudiant au baccalauréat en histoire à l’Université de Montréal, de la forte impression que m’avaient laissés ses textes sur les confréries[1].
Depuis des années, elle poursuit des recherches sur l’histoire de l’éducation. Plusieurs de ses travaux portent sur l’enseignement de la religion ou de la formation sacramentelle au Québec, mais aussi sur les réseaux des institutions éducatives des congrégations religieuses. Elle s’est d’ailleurs lancée dans la préparation d’un nouveau volume de l’Atlas historique du Québec consacré à l’école. Les Presses de l’Université Laval annoncent justement la sortie de l’ouvrage à la fin novembre qu’elle co-dirige avec Andrée Dufour et Thérèse Hamel, mais qu’elle a littéralement porté à bout de bras. Cette somme réunit les textes de près d’une trentaine de chercheurs et s’annonce comme un incontournable de l’histoire de l’éducation qui devrait se retrouver dans la bibliothèque de quiconque s’intéresse à l’histoire de l’éducation et à l’histoire socioreligieuse. Il faut saluer le travail de Brigitte Caulier et lui souhaiter encore de nombreuses publications !
Brigitte Caulier, Andrée Dufour et Thérèse Hamel (dir.), L’école au Québec, « collection Atlas historique du Québec », Québec, Presses de l’Université Laval, 2023, 506 p., ISBN : 9782763735733
[1] Brigitte Caulier, « Les confréries de dévotion traditionnelles et le réveil religieux à Montréal au XIXe siècle », Sessions d’étude – Société canadienne d’histoire de l’Église catholique, 53 (1986), 23–40; « Les confréries de dévotion et l’éducation de la foi », Sessions d’étude – Société canadienne d’histoire de l’Église catholique, 56 (1989), 97–112; « Bâtir l’Amérique des dévots : les confréries de dévotion montréalaises depuis le Régime français », Revue d’histoire de l’Amérique française, 46, no 1 (1992), 45–66.